"L'allergie à l'iode", Qu'est-ce au juste?
Le Dr André Caron, immuno-allergologue, chargé d'enseignement clinique à l'université de Montréal, est chef du service d'allergie-immunologie, pavillon Notre-Dame du CHUM à Montréal. Il exerce également à la Cité de la Santé de Laval où il est chef du service d'immunologie-rhumatologie, et à la Polyclinique Médicale Concorde, à Laval.
Le Dr Roseline LeBel, omnipraticienne, exerce au CLSC Côte-des-Neiges.
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"Allergie à l'iode", voilà un diagnostic qui apparaît souvent dans les dossiers médicaux, mais que signifie-t-ilvraiment?
* Que le patient ne peut pas manger de crustacés?
* Qu'on ne peut nettoyer sa peau à la Proviodine ® ou à la Betadine ®?
* Qu'il y a un risque à lui faire passer une pyélographie ou une angiographie?
Il existe trois entités cliniques distinctes qu'on semble retrouver sous la dénomination "allergie à l'iode": laréaction pseudo-allergique aux produits de contraste radiologique (PCR), qui est très fréquente, l'allergie decontact ou dermite de contact aux désinfectants à base d'iode, qui est très rare, et les réactions aux fruits de mer,qui, elles, sont relativement fréquentes.
Pourtant, tous les individus présentant l'une ou l'autre de ces réactions puisent leur iode dans la nourriture, sansavoir de réaction indésirable: c'est donc qu'ils n'y sont pas allergiques. L'iode est un atome essentiel à la vie, etles besoins minimaux quotidiens en iode sont de l'ordre de 50 µg [1].
En fait, c'est l'expression "allergie à l'iode" qui est erronnée et qui entretient la confusion à ce sujet: on devraitdistinguer clairement chacune des trois entités mentionnées ci-haut, et les appeler par leur nom distinctif. Réactions aux produits de contraste radiologiques (PCR) Incidence des réactions
La fréquence des réactions indésirables aux PCR conventionnels, de type ionique (I) et hyperosmolaires (HY),est de 12% environ. Avec les nouveaux produits nonioniques (NI) et hypo-osmolaires (HO) tels l'iohexol,l'iopamidol et l'ioversol, la fréquence de ces réactions est environ 4 fois moindre (3%) [2].
Des réactions graves surviennent chez 0.22% des patients recevant les PCR I et HY, et chez 0.04% chez ceuxrecevant les produits NI et HO. On estime le taux de décès à environ 1/40,000 (selon les études à grande échelle, les taux varient de 1/15,000 à 1/117,000).
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Avec les nouveaux produits de contraste nonioniques (NI) et hypo-osmolaires (HO) tels l'iohexol, l'iopamidol et l'ioversol, la fréquence des réactions pseudo-allergiques est environ quatre fois moindre.
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Ces réactions peuvent être classifiées en trois catégories: légères (nausées, vomissements peu abondants,urticaire légère, prurit et diaphorèse), modérées (faiblesse, vomissements graves, urticaire importante, oedèmefacial ou laryngé, bronchospasme léger) et graves (oedème pulmonaire, arrêt respiratoire, chute grave de latension artérielle, arrêt cardiaque, perte de conscience ou convulsions) [3]. Mécanismes de la réaction
Il y a encore plusieurs hypothèses pour expliquer ce type de réaction 3 [3,5].
Théories de l'histamine. Les PCR, tout comme les dérivés de la morphine, peuvent induire directement unelibération d'histamine à partir des mastocytes et des basophiles, et l'injection d'histamine peut produire desréactions similaires à celles observées lors d'injection IV de PCR. C'est l'hypothèse la plus populaire,actuellement.
Les PCR peuvent aussi activer directement ou indirectement les systèmes du complément, de la coagulation, dela fibrinolyse et des kinines, et entraîner la libération de plusieurs médiateurs (histamine, leucotriènes, produitsde dégradation du fibrinogène, enzymes lysosomiaux et bradykinine) qui pouvent être responsables desréactions observées avec les PCR. On a aussi proposé, comme mécanisme, l'inhibition de la cholinestérase, quientraîne une augmentation de l'activité cholinergique, ce qui peut provoquer une vasodilatation, unbronchospasme, de l'urticaire, des troubles de rythme et des convulsions.
Théorie du système nerveux central (SNC). Enfin, la théorie de l'exposition du SNC aux PCR [6] pourraitexpliquer les réactions sévères et aigues d'hypotension marquée ou d'arrêt cardiaque, non associées à unbronchospasme ou à une réaction cutanée. Approche thérapeutique
Au moment de la réaction, il faut la traiter selon sa gravité (tableau I).
Il est bien important d'identifier le patient qui risque d'avoir une réaction indésirablee aux PCR [3] (tableau II),car il existe certaines mesures de prophylaxie qui permettent de réduire ces risques si l'on envisage à nouveaud'utiliser un tel produit (tableau III). Avec une prémédication à base de glucocorticoïde et d'antihistaminique, lafréquence des réactions pseudoallergiques est environ trois à quatre fois moindre. Cela vient s'ajouter à l'effetprotecteur lié à l'utilisation d'un produit NI et HO.
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Avec une prémédication à base de cortisone et d'antihistaminique, la fréquence des réactions pseudo- allergiques est environ trois à quatre fois moindre. Ceci vient s'ajouter à l'effet protecteur lié à l'utilisation des produits non ionique (HI) et hypo-osmolaire (HO).
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Dermite de contact à la proviodine ®
L'iode U.S.P. contient de l'iode à 2% et de l'iodure de sodium à 2.4% dans de l'alcool ; la teinture d'iodecontient 7% d'iode et 5% d'iodure de potassium dans l'alcool. Ces deux solutions irritent la peau. La povidone-iodée (Proviodine ®, Betadine ®) est de l'iode lié à de la povidone (polyvinylpyrrolidone): en fait, la solutioncontient 10% d'iode lié et 1% d'iode libre, ce qui est moins irritant pour la peau.
La dermite de contact à la povidone iodée est relativement rare. Il s'agit essentiellement d'une allergie de contactmédiée par une réaction immunologique à médiation cellulaire, ou réaction d'hypersensibilité de type IV selonGell et Coombs [6] . L'allergène en est la molécule de povidone iodée [4] .
Une réaction pseudo-allergique aux PCR n'indique nullement un risque accru de dermite de contact à lapovidone iodée, et vice versa [3]: ce sont deux types de réactions très distinctes. Réactions aux fruits de mer
Ici, il s'agit, soit d'une vraie allergie médiée par les IgE à une protéine de mollusque ou de crustacé, soit d'unepseudo-allergie due à une libération d'histamine non IgE-médiée, consécutive à une ingestion assez importantede crustacés [10. Dans les deux cas, l'iode n'y est pour rien.
Dans le premier cas, le test d'allergie au fruit de mer en question est positif, et il y aura risque de réactionanaphylactique si le patient en mange à nouveau; dans le second cas, le test d'allergie est négatif et la réactionne se répète généralement pas lors d'une ingestion ultérieure, à moins que celle-ci soit assez importante.
Encore une fois, une réaction pseudo-allergique aux PCR n'indique pas que le patient présente un risque accrude réaction allergique aux fruits de mer. Etant donné l'incidence de ces deux entités, il est possible qu'un patientait présenté à la fois une réaction pseudo-allergique aux PCR et une allergie aux fruits de mer, mais il s'agitalors de deux problèmes différents.
Dans la littérature médicale, on ne retrouve aucun article sur l'"allergie à l'iode", bien que l'expression soitfréquemment utilisé dans le milieu médical et paramédical: cette expression populaire maintient la confusionautour du mot "iode", alors que, en fait, elle englobe trois entitées cliniques différentes. On ne devrait donc plusl'utiliser mais plutôt employer le terme propre à chaque entité. TABLEAU I Traitement d'une réaction à un produit de contraste radiologique (PCR) Réaction légère
L'observation seule ou l'administration d'un antihistaminique suffit
Réaction modérée
De l'oxygène et un bronchodilatateur en aérosol pour le bronchospasme5 à 10 mg de mésylate de prochlorpérazine (Stémétil ®) IM ou IV pour les nausées ou les
Un antihistaminique pour une urticaireParfois, il faut administrer de l'épinéphrine à raison de 0.3 mgSC, qui peut êtrerépétée toutes les 10 à 15 minutes (les doses de médicaments sont suggérées ici pour un adulte de
Réaction grave
Chute importante de la tension artérielle: administrer de l'oxygène et dessolutés IV à vitesse rapide, associé à une médication appropriée selon le casCrise convulsive: administrer de l'oxygène et du diazépam IVL'arrêt cardio-respiratoire doit être traité de la façon habituelleUne fois stabilisé, le patient ayant présenté une réaction grave doit être mis en observation
pendant quelques heures, parfois pour 24 heures ou plus. TABLEAU II Identification du patient qui risque une réaction aux produits de contraste radiologique (PCR) Äge du patient
Ces réactions sont plus fréquentes entre 20 à 50 ansAprès 50 ans, une réaction anaphylactoïde grave entraîne des conséquences plus dangereuses
Réaction systémique antérieure:
Une réaction systémique antérieure à d'autres substances que les PCR double le risque de réaction
Prise de B-bloquant:
Elle ne semble pas augmenter l'incidence des réactions pseudo-allergiques, mais s'il en survient une, ellerisque d'être plus grave et le patientrépondra moins bien au traitement
Réaction antérieure à un PCR:
Une réaction pseudo-allergique antérieure avec un PCR I et HY augmente ce risque de 3 à 8 fois TABLEAU III Recommandations lors de l'utilisation de produits de contraste radiologique (PCR): Risque légèrement augmenté
Asthme légerRéaction allergique systémique antérieure à d'autres substancesRéaction antérieure aux PCR, d'intensité légèreOn doit utiliser un PCR NI et HO
Risque modérément augmenté
Réaction antérieure légère aux PCR, associée à un autre facteur de risqueRéaction antérieure modérée aux PCROn doit utiliser un PCR NI et HO et préparer le patient avec unglucocorticoide:prednisone:
13 heures7 heures1 heure avant la procédé
(si le patient ne peut rien prendre per os, la prednisone peut être remplacée par de la méthylprednisoloneaux mêmes doses)
administrer 50 mg IM une demi-heure à 1 heure avant le procédé
Risque grandement augmenté
Réaction antérieure graveOn doit songer à utiliser à une autre technique diagnostique ne nécessitant pas l'administraton
Si c'est impossible, il faut procéder comme indiqué au paragraphe précédent
N.B.:il est importantpour tout procédé durant lequel on injecte un PCR de disposer d'un bon accès veineux, aucas où une réaction surviendrait. Références
1.Woeber KA. Iodine and thyroid disease. Med Clin N Amer 1991; 75: 169-178.
2. Lasser EC. Pseudoallergic drug reactions: radiographic contrast media. Immunol Allergy Clin N Amer 1991;11#3: 645-658.
3. Bush Jr WH et Swanson DP. Radiocontrast. Immunol Allergy Clin N America 1995; 15#3: 597-612.
4. Lieberman P. Anaphylactoide reactions to radiocontrast material. Immunol Allergy Clin N America 1992;12#3: 649-670.
5. Lasser EC. Pseudoallergic drug reactions: radiographic contrast media. Immunol Allergy Clin N Amer 1991;11#3: 645-658.
6. Lalli AF. Contrast media reactions: data analysis and hypothesis. Radiology 1980; 134: 1-12.
7. Rietschel RL et Fowler Jr JF. Antiseptics and disinfectants. In: Rietschel RL et Fowler Jr JF. Fisher's ContactDermatitis. 4è éd., Baltimore, MD: Williams & Wilkins Co., 1995: 184-204.
8. Coombs RRA et Gell PHG. Classification of allergic reactions responsible for clinical hypersensitivity anddisease. In: Gell, PHG et Coombs RRA. Clinical Aspects of Immunology . 3è éd., Oxford: Blackwell ScientificPublications, 1975: 761-781.
9. Tosti A et coll. Allergic contact dermatitis due to providone-iodine. Contact dermatitis 1990; 23: 197.
10. Caron A. Allergie alimentaire et digestive, première partie. Le Clinicien 1996; 10 (10): 65-82.
11. Caron A. Allergie alimentaire et digestive, deuxième partie. Le Clinicien 1996; 11 (1): 113-128. Abbréviations
PCR: produit de contraste radiologiqueNI et HO:non-ionique et hypo-osmolaire
Mots clés
Réaction adverse, allergie, pseudo-allergie, anaphylaxie, produit de contraste radiologique. "Allergic to iodine", what is it exactly?
"Iodine allergy" is a frequent diagnosis found in the medical charts, but never in medical litterature; it is not aproper term to use because it maintain the confusion between three different entities, not really associated, thathave different mechanisms and different triggering molecules. Those three entities, pseudoallergic reactions toradiographic contrast media, povidone-iodine allergic contact dermatitis and seafood allergy, are discussed here. Key words:
Adverse reaction, allergy, pseudo-allergy, anaphylaxis, radiographic contrast material.
ANNUAL PROCUREMENT PROGRAM FOR 2011 For Common-Use Supplies and Equipment Available from the Procurement Service Department:____________________________________ Quantity Requirement Item & Specifications Unit Price COMMON ELECTRICAL SUPPLIES BATTERY, size AA, alkaline, 2 pcs./packetBATTERY, size AAA, alkaline, 2 pcs./packet SUB-TOTAL: COMMON COMPUTER SUPPLIES COMPUT
J Thromb ThrombolysisDOI 10.1007/s11239-006-9046-zThrombin generation in mesalazine refractory ulcerative colitisand the influence of low molecular weight heparinAnton A. Vrij Æ Ardi Oberndorff-Klein-Woolthuis Æ Gerard Dijkstra ÆAndrea E. de Jong Æ Rob Wagenvoord Æ Hendrik C. Hemker ÆReinhold W. Stockbru¨ggerÓ Springer Science+Business Media, LLC 2007differences were observed on the cl