Si vous avez un rhume, ce n’est pas à cause du froid!
Magazine trimestriel de l'Université de Lausanne
Rédigé par - Allez Savoir février 2007 - …Et pourtant, cette idée reçue est tenace. Tour d’horizon des contrevérités qui circulent au sujet decette maladie universelle, ainsi que des précautions utiles et des gestes superflus pour éviter la rhiniteou s’en débarrasser, avec Jacques Cherpillod.
L’ hiver est arrivé, accompagné du cortège habituel d’infections respiratoires, à commencer par la pluscourante: le rhume. Une maladie fréquente puisque chaque année, elle se manifeste en moyenne de deuxà quatre fois par an chez les adultes et de cinq à six fois chez les enfants. Un trouble universel aussi, quin’épargne personne, quel que soit son âge, son sexe, son origine, son niveau socio-économique.
On connaît donc la chanson. Cela commence en général par un mal de gorge, puis le nez se boucheavant de se mettre à couler; avec parfois en prime, de la toux ou des maux de tête. Il en va de mêmechez les enfants qui ont toutefois des symptômes «plus flamboyants», comme le remarque JacquesCherpillod, médecin-chef au service ORL du CHUV et de l’Hôpital de l’enfance. Le froid n’y est pour rien
Il faut se rendre à l’évidence, nous venons d’attraper un nouveau «coup de froid», comme on dit. En fait,
le froid n’y est pour rien et «la température n’a aucune influence sur l’incidence du rhume», souligne lemédecin lausannois. Cette croyance est pourtant tellement ancrée dans l’imaginaire collectif que denombreuses langues en conservent la trace: on trouve le terme «froid» dans «refroidissement», mais aussi«cold» dans «common cold», «kalt» dans «Erkältung» et, en albanais, «ftoft» dans «ftohje», constatentles infectiologues neuchâtelois et fribourgeois Daniel Genné et Christian Chuard, dans la Revue MédicaleSuisse.
Manteau, écharpe et gants ont certes l’avantage de nous épargner la désagréable sensation d’avoir froid. Mais inutile de compter sur eux pour nous protéger de la rhinite. Plusieurs études en ont largementapporté la preuve; l’une d’elles, menée dans une base américaine en Antarctique, a par exemple montréque les nouveaux venus, pourtant peu habitués aux très basses températures du lieu, «n’avaient pas plusde risques d’attraper une rhinite que ceux qui quittaient la base», précise le spécialiste ORL. Signe que«le froid ne sensibilise pas les êtres humains».
C’est pourtant surtout durant la saison froide que l’on est le plus souvent enrhumé. Pourquoi? «On nesait pas, si ce n’est que les épidémies des virus responsables se produisent surtout en hiver», avoueJacques Cherpillod. Comme ses collègues, il en est donc réduit aux hypothèses et notamment à la pluscommunément avancée: en hiver, nous restons plus volontiers enfermés et en contact étroit avec nossemblables. Une promiscuité, on le sait, qui favorise la propagation des virus. Des centaines de virus différents
Le rhume est en effet une infection virale provoquée par plusieurs centaines de virus différents. Lesprincipaux fauteurs de troubles appartiennent à la famille des rhinovirus – il en existe plus de cent quiseraient responsables de 40 à 50 % des rhinites – et à celle des coronavirus.
S’y ajoutent d’autres microorganismes pathogènes, tels le virus syncytial respiratoire (VSR), le virusparainfluenza, certains adénovirus et bien d’autres. «Il y en a des tonnes», résume Jacques Cherpillod. C’est d’ailleurs ce qui explique que l’on puisse faire des rhumes à répétition, puisque l’on peut êtreaffecté successivement par des souches virales différentes contre lesquelles on n’est pas immunisé.
En outre, l’agent pathogène n’induit pas de réponse immunitaire très importante. «Même si l’on estconfronté à deux reprises au même virus pendant la saison, on a de forts risques de refaire un rhume. Celui-ci sera simplement atténué.»
Ils attaquent le nez ou les bronches
Ces différents microbes s’en prennent tous à nos voies respiratoires, mais chacun a ses cibles deprédilection. Les rhinovirus s’installent dans les fosses nasales. Ce qui ne les empêche pas de conduire àune inflammation du pharynx – provoquant une rhinopharyngite qui nous pique la gorge – et des sinusqui ont alors tendance à gonfler.
Ils s’introduisent aussi dans les bronches qu’ils peuvent irriter durant plusieurs semaines. Quant au VSR,il s’attaque principalement aux poumons et dans ce cas, un simple rhume peut tourner à la bronchiolite. Mais quel que soit leur mode d’action, ces agents pathogènes ont un point commun: ils sont trèscontagieux. Méfiez-vous des mains et de ce qu’elles touchent!
La contamination passe principalement par les mains. Il suffit qu’une personne enrhumée se passe lesdoigts sur le nez ou les yeux et qu’elle vous serre la main pour qu’elle vous transmette aussitôt sessécrétions nasales. En vous touchant le nez ou les yeux, vous vous inoculez ensuite le virus. Etant donné
que l’on se frotte le visage en moyenne deux fois par heure et que le virus peut rester deux heures sur lapeau, vous avez de très fortes chances d’être infecté à votre tour.
Mais même si vous prenez la précaution de saluer de loin votre interlocuteur, vous ne serez pas préservépour autant. Car les micro-organismes sont très résistants: «Ils peuvent survivre pendant plusieurs heures,voire plusieurs jours sur une surface lisse», précise Jacques Cherpillod. Il suffit donc de toucher untéléphone, un clavier d’ordinateur, une table, ou tous les autres objets de la vie quotidienne sur lesquelssont déposés des virus pour être contaminé.
S’il faut se méfier des poignées de main, mieux vaut éviter de rester à proximité d’une personne infectée:les aérosols qu’elle émet lorsqu’elle éternue contiennent des virus. En revanche, la salive n’est pas unvecteur de transmission. Bonne nouvelle, en cette période de Saint-Valentin: les baisers sont sans danger. On ne se lave jamais assez les mains
Au chapitre des précautions, la règle numéro un est donc de se laver régulièrement les mains. «Lorsquel’on a un rhume, la courtoisie veut que l’on se lave les mains après s’être mouché, précise JacquesCherpillod. Le conseil est valable aussi pour ceux qui veulent se préserver de la maladie.» Bien sûr,l’idéal serait aussi de ne pas trop se rapprocher de nos semblables, afin d’éviter les projections d’aérosolsinfectés. Mais à moins de s’enfermer seul dans un appartement pendant tout l’hiver, cela reste plus facileà dire qu’à faire. Eviter le stress et la fatigue, c’est plus efficace que la vitamine C
«Il ne faut quand même pas devenir paranoïaque», s’exclame le médecin. Il ne faut pas compter sur luipour préconiser le port d’un masque sur la bouche et le nez; d’autant que cette mesure n’a riend’infaillible puisqu’elle ne protège pas les yeux et qu’elle n’empêche pas la contamination par les mains.
Hormis l’usage répété de l’eau et du savon, que peut-on faire pour se prémunir du rhume? Faut-il se ruersur la vitamine C, réputée pour ses effets bénéfiques en la matière? Sur ce point, Jacques Cherpillod estcatégorique: «Cela ne sert à rien.» Quelques études ont bien montré qu’en buvant de nombreux jusd’orange ou en avalant régulièrement des pastilles de cette vitamine, on raccourcissait la durée du mal. «Mais elles ne sont pas conclusives, même s’il demeure un petit doute.» Le même constat s’applique auzinc ou à certains produits de phytothérapie comme l’Echinacée dont on entend souvent vanter les vertus. Ils sont pourtant inefficaces.
Pour se protéger au mieux des rhinovirus, reste un remède de bon sens: éviter, autant que faire se peut, lestress et la fatigue. Ces derniers fragilisent en effet l’organisme qui devient plus sensible aux infectionsen tout genre, qu’il s’agisse des rhinovirus ou de tout autre micro-organisme. Les rhinovirus ou comment s’en débarrasser
Une fois les rhinovirus, les coronavirus ou autres responsables du rhume installés dans le nez, on ne peutpas faire grand-chose pour les déloger. Les antibiotiques, on s’en doute, ne servent à rien puisqu’ilsn’attaquent que les bactéries, et les médicaments du genre Tamiflu ou Relenza ne visent que les virus dela grippe. Quant aux anti-inflammatoires, «ils peuvent aider, mais étant donné leurs effets secondairespotentiels, notamment sur le système digestif, il faut plutôt s’en méfier», constate le spécialiste ORL.
Reste certains immunostimulants, qui ont pour fonction de doper notre système immunitaire et de l’aiderà se débarrasser des agents pathogènes. Mais, jugeant qu’ils étaient inefficaces, l’Agence française desécurité sanitaire des produits de santé les a retirés du marché, il y a un an et demi.
En Suisse, ils sont pourtant toujours prescrits par certains médecins. Jacques Cherpillod le confirme,
mais il précise que ces produits «font l’objet de controverses». Ils sont notamment censés diminuer nonpas les effets du rhume mais ceux des bronchites chroniques; mais même sur ce point, «lesimmunologistes sont sceptiques». Il faut donc se faire à l’évidence: aucun médicament n’est efficace nipour soigner un rhume, ni pour en raccourcir la durée. Mieux vaut prendre son mal en patience. Comment soulager les symptômes
Rien n’empêche toutefois de soulager les symptômes pour améliorer son confort. A ce titre, le sérumphysiologique, l’eau salée ou l’eau de mer ont au moins l’avantage de laver les fosses nasales: «Il fautappeler un chat un chat, c’est du récurage», constate en riant Jacques Cherpillod. Mais ce «récurage» aau moins pour effet de désencombrer les voies aériennes supérieures.
De la même façon, les gouttes décongestionnantes dégagent le nez et rendent le rhume moinsdésagréable. «Il faut toutefois s’en méfier, car on peut y prendre goût. Il existe des quasi-toxicomaniesaux gouttes nasales qui provoquent des rhinites médicamenteuses: le nez devient irritable et il sebouche.»
Le spécialiste recommande donc «d’utiliser ces gouttes en petites quantités et surtout, sur de courtesdurées». Mieux vaut éviter le bon vieux grog
Pour lutter contre le rhume, on est évidemment tenté de suivre les recettes qui se transmettent degénération en génération. Face à un mal aussi courant, les remèdes de grand-mère sont légion. Mais sicertains sont profitables, d’autres sont plutôt contre-indiqués.
«En cas de rhume, il faut boire beaucoup d’eau», dit l’adage populaire. C’est en effet recommandé dansla mesure où le rhume conduit à une légère déshydratation qu’il faut compenser en «buvant un peu plusque d’habitude», précise le médecin vaudois. En revanche, n’en déplaise aux amateurs, mieux vaut éviterle bon vieux grog à base de rhum. L’alcool n’est en effet pas recommandé en cas de rhinite car «il a un effet vasodilatateur qui contribue àcongestionner le nez».
Mieux vaut donc «rester au chaud»? Sans doute, puisque cela permet au moins de se reposer, sans pourautant soigner la rhinite.
Le médecin du CHUV s’inscrit aussi en faux contre un autre dicton selon lequel il faudrait restreindre laconsommation de lait des enfants enrhumés. Cela relève, selon lui, d’une confusion «entre le rhumebanal et le rhume allergique». Les enfants en première ligne
S’il est inutile de priver les enfants de lait, les parents sont en droit de s’interroger lorsque leur bambinsouffre d’un rhume. D’autant que, chez eux, la maladie est plus fréquente que chez les adultes, car leursystème respiratoire est plus fragile, et donc plus sensible aux infections. En outre, les épisodes durentplus longtemps et ils peuvent s’accompagner de fièvre.
«S’il s’agit d’un rhume isolé, il n’y a rien à faire», constate Jacques Cherpillod. En revanche, il arriveque le rhume s’accompagne de complications. Il peut être associé à des sinusites durables, à des otites ouà des bronchites; il peut aussi, surtout s’il est dû au virus VRS, se transformer en infection pulmonairesérieuse. Dans ces différentes circonstances, «mieux vaut consulter son médecin».
Mais d’une manière générale, «il faut dédramatiser cette pathologie, souligne le spécialiste ORL. Il est
normal qu’un enfant fasse cinq à six rhumes en hiver, et mieux vaut faire le gros dos en sachant qu’il enfera moins en grandissant.»
Cependant, une fois adulte, il ne sera jamais à l’abri du nez qui coule, puisqu’il «n’y a pas d’âge à partirduquel on cesse d’attraper des rhumes. Ce serait trop beau!» dit, en forme de boutade, JacquesCherpillod. Mieux vaut donc prendre son mal en patience. Et garder à l’esprit qu’un «rhume se guérittout seul en une semaine et, avec des médicaments, en huit jours», comme dit un vieux proverbe qui,comme la rhinite, est toujours de saison. Si vous avez apprécié cet article, s'il vous plait, prenez le temps de ou de n de recevoir les futurs articles directement dans votre lecteur de flux. Commentaires Laisser un commentaire Merci de prendre bonne note de la remarque suivante: La modération de commentaires est active. Votre commentaire peut être effacé par le modérateur. Il n'y a pas besoin de reposter votre commentaire. Recherche
Effect of caffeine on metabolism, exercise endurance,and catecholamine responses after withdrawalM. H. VAN SOEREN1 AND T. E. GRAHAM21 School of Nursing, Faculty of Health Sciences, University of Western Ontario, London,Ontario N6A 5C1; and 2 Human Biology and Nutritional Sciences, University of Guelph,Guelph, Ontario, Canada N1G 2W1 Van Soeren, M. H., and T. E. Graham. Effect of caffeine a
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