Ainsi, elle était de retour. Xavier sentit les battements de son cœur s’accélérer
très légèrement en reposant le téléphone sur sa base, après une brève discussion avec son avocat.
C’était parfaitement ridicule : cela faisait des années
qu’Allegra Beauchamp était sortie de sa vie, des années qu’il avait tourné la page sur leur courte aventure. Ce n’était donc pas l’émotion, mais plutôt la colère qui faisait battre son pouls plus vite. Depuis dix ans, il consacrait tout son temps, toute son énergie au vignoble… Non, il ne la laisserait pas gâcher le travail qu’il avait accompli au prix de lourds sacrifices !
Parce qu’il ne lui faisait plus aucune confiance. Mis à part
le fait qu’elle lui avait brisé le cœur en partant au moment où il avait le plus besoin d’elle, il lui en voulait de ne pas être venue voir son grand-oncle — l’homme qui l’avait accueillie chez lui tous les étés de son enfance — alors que la santé de ce dernier se fragilisait et qu’il aurait apprécié sa présence. Elle n’avait même pas jugé utile d’assister à son enterrement…
En revanche, songea Xavier en esquissant une moue
cynique, elle n’avait pas manqué de faire le déplacement pour recevoir son héritage — un héritage plutôt enviable puisqu’il comprenait quinze hectares de vignobles classés et un vieux mas superbement restauré.
Son arrivée en disait long sur sa véritable personnalité.
D’un autre côté, son goût manifeste pour l’argent faci-
literait les choses. Si c’était là tout ce qui l’intéressait, elle
serait ravie de lui céder sa part du vignoble — malgré ce
qu’elle avait eu l’air de dire à son avocat cet après-midi.
A l’évidence, elle se faisait une idée pour le moins cari-
caturale — et très poétique ! — du métier de vigneron.
Mais dès qu’elle aurait compris son erreur, elle n’aurait
qu’une envie : faire ses valises et rentrer au plus vite à
Londres… comme elle l’avait déjà fait dix ans plus tôt.
A la différence que cette fois, elle n’emporterait que son
argent, pas son cœur. Et cette fois, il n’aurait aucun regret.
D’un geste sec, il ouvrit le tiroir de son bureau, ramassa
ses clés de voiture, ferma la porte de son bureau et se
dirigea vers sa voiture à grandes enjambées. Mieux
valait régler cette affaire au plus vite. Il en allait de sa
Allegra but son café à petites gorgées. Hélas, le breuvage
corsé ne l’aida pas à mettre de l’ordre dans ses pensées.
Elle avait eu tort de revenir ici après tout ce temps.
Il aurait été si simple, au fond, de suivre les conseils de
son avocat qui l’encourageait à vendre les parts d’Harry
à son associé… Elle se serait ensuite rendue à l’église
du village ; là, elle aurait déposé des fleurs et se serait
recueillie sur la tombe de son grand-oncle. Puis elle serait
rentrée à Londres… tout simplement.
Au lieu de quoi, une force irrésistible l’avait poussée à
retourner dans la vieille ferme où elle avait passé, enfant,
toutes ses vacances d’été. Et à présent qu’elle se trouvait
ici, en Ardèche, elle regrettait de ne pas avoir su résister
à cette folle pulsion. La simple vue de la bâtisse en pierre
et l’odeur entêtante des herbes aromatiques qui emplis-
saient de gros pots de terre cuite, près de la porte de la
cuisine, l’avaient emplie d’un sentiment de culpabilité à peine supportable. Elle se sentait coupable de ne pas être revenue plus tôt ; coupable de ne pas avoir été là quand on l’avait appelée pour la prévenir qu’Harry avait eu un infarctus — il était mort à l’hôpital sans même qu’elle sache que son état de santé s’était dégradé ces derniers temps. Et elle se sentait horriblement coupable de n’avoir pu assister à son enterrement, malgré tous ses efforts.
Au village, tout le monde lui reprochait en silence ce
qu’ils prenaient pour de l’indifférence et de la cupidité. En traversant la place du village pour se rendre au cime-tière, elle avait senti les regards accusateurs qui pesaient sur elle, entendu les murmures réprobateurs. Suzanne Bouvier, la femme de ménage de son grand-oncle, l’avait accueillie avec une froideur qui ne lui ressemblait guère, lui signifiant ainsi clairement sa contrariété.
En pénétrant dans la cuisine, Allegra avait eu l’étrange
sensation de faire un saut dans le passé et ce brusque plongeon dans le temps avait rouvert toutes les blessures qu’elle croyait enfin cicatrisées… A cet instant précis, elle n’aurait pas été surprise de voir Xavier franchir le seuil de la pièce et venir s’asseoir en face d’elle. Avec son sourire charmeur et ses beaux yeux gris-vert, si pétillant de vie, il se serait penché au-dessus de la table et lui aurait pris la main…
Mais non, bien sûr que non, cela n’arriverait pas. Il avait
été très clair, dix ans plus tôt : tout était fini entre eux. Ce qu’ils avaient vécu ensemble n’était qu’une idylle de vacances ; il s’apprêtait à s’installer à Paris où l’attendait une brillante carrière d’homme d’affaires, et une nouvelle vie dans laquelle elle n’avait pas de place…
Selon toute probabilité, Xavier était marié et père de
famille à l’heure qu’il était. Pendant toutes ces années, la fierté l’avait empêchée de demander de ses nouvelles
à Harry et ce dernier s’était bien gardé d’évoquer ce sujet
Ses doigts se crispèrent autour de la tasse fumante.
Après toutes ces années, elle aurait dû être capable de
tourner la page une fois pour toutes. D’un autre côté,
était-il possible d’effacer un amour qui avait vu le jour
alors qu’elle n’était qu’une enfant ? Elle était tombée sous
le charme de Xavier Lefèvre à l’instant même où elle avait
posé les yeux sur lui. Elle avait huit ans à l’époque et lui
onze. C’était le plus beau garçon qu’elle eût jamais vu ;
il lui faisait penser aux angelots qu’elle contemplait sur
les vitraux de son école, en Angleterre — sauf que ses
cheveux n’étaient pas blonds mais noirs comme l’ébène
et ses yeux gris-vert. Adolescente, elle le suivait à la
trace comme un chien fidèle un peu trop envahissant. Il
occupait toutes ses pensées, tous ses rêves… Quand se
déciderait-il enfin à ouvrir les yeux, quand cesserait-il de
la considérer comme une gamine sans intérêt ? Les étés
se succédaient et elle ne cessait d’espérer. Sans doute la
trouvait-il agaçante… Pourtant, il s’était toujours montré
gentil et patient avec elle. Pas une seule fois il ne lui avait
fait sentir qu’elle le dérangeait.
Le dernier été qu’ils avaient passé ensemble avait été
une sorte de révélation. Cet été-là, enfin, Xavier avait vu
la femme qu’elle était devenue. Ils ne s’étaient pas quittés
pendant deux mois — deux mois merveilleux, deux mois
de bonheur idyllique. A l’époque, elle croyait sincèrement
que Xavier l’aimait autant qu’elle l’aimait. Que cela
n’avait pas d’importance qu’elle rentre à Londres pour ses
études pendant qu’il travaillerait à Paris — elle pourrait
toujours le rejoindre pendant les vacances scolaires, il
viendrait passer le week-end avec elle à Londres quand
son emploi du temps le lui permettrait… Et dès qu’elle
aurait terminé ses études, ils emménageraient ensemble
Elle était tellement sûre que Xavier partageait ses
Et puis le beau rêve avait volé en éclats… brutalement.
Une boule se forma dans sa gorge. Pour l’amour du
ciel, elle avait mûri depuis… elle n’était plus l’adoles-
cente pleine de rêves et d’illusions qu’elle était alors !
Sa rupture avec Xavier lui avait brisé le cœur, mais elle
s’était endurcie du même coup. Elle était ici pour affaires.
Strictement. Quoi qu’il en soit, l’associé de Harry était
Jean-Paul Lefèvre, le père de Xavier… Mais pourquoi
s’en faire ? Xavier se trouvait certainement à Paris, elle
n’aurait donc pas à l’affronter.
— Monsieur Lefèvre vient de téléphoner, déclara
Suzanne d’un ton froid, en pénétrant dans la cuisine. Il
rentre tout juste des vignes. Il m’a dit qu’il passait vous
Allegra fronça les sourcils. Ils avaient rendez-vous le
lendemain. Jean-Paul désirait sans doute lui souhaiter la
bienvenue avant de la retrouver dans un cadre plus formel.
Au même instant, la porte de la cuisine s’ouvrit et
Allegra faillit lâcher sa tasse. Que diable faisait-il ici ? Et
pourquoi n’avait-il pas frappé ? S’imaginait-il qu’il pouvait
débarquer chez Harry — chez elle, désormais — sans
— Xavier ! Assieds-toi, mon grand, je t’en prie !
Elle le gratifia de deux bises sonores avant de lui
apporter une tasse de café qu’elle posa en face d’Allegra.
— Voilà pour toi, Xavier. Bon, je vous laisse. A plus
Incapable de prononcer le moindre mot, Allegra
dévisageait Xavier d’un air hébété. A vingt et un ans,
Xavier Lefèvre était un jeune homme séduisant. En dix
ans, il avait acquis une maturité qui accentuait encore
sa beauté ténébreuse, infiniment virile. Il semblait un
peu plus grand que dans son souvenir, sa carrure était
plus large aussi et son T-shirt noir laissait deviner une
puissante musculature. Son teint mat faisait ressortir ses
yeux clairs, d’une couleur si singulière, oscillant entre
le gris et le vert en fonction de son humeur. Quelques
rides très fines marquaient le coin de ses yeux, laissant à
croire qu’il souriait beaucoup ou bien qu’il passait le plus
clair de son temps à l’extérieur — ou les deux à la fois.
Ses cheveux noirs étaient ébouriffés. Avec son jean et
ses baskets en toile, il ressemblait davantage à une rock
star qu’à un génie de la finance. Une barbe de deux jours
ombrait son menton volontaire. A son grand désarroi,
Allegra sentit ses joues s’empourprer tandis qu’une pensée
aussi troublante qu’incongrue lui traversait l’esprit : on
eût dit que Xavier venait de se lever, abandonnant dans
son lit sa maîtresse endormie, repue de plaisir.
Le visage en feu, elle se remémora avec une douloureuse
précision l’exquise torpeur qui l’envahissait lorsqu’elle
s’endormait dans les bras de Xavier, après avoir fait
Oh, Seigneur… comment garder les idées claires
quand un tumulte d’images érotiques et de sensations
grisantes la submergeait à la simple vue de cet homme ?
Elle devait à tout prix museler sa libido avant de perdre
La voix profonde et grave de Xavier la fit sursauter.
— Bonjour, Allegra, lança-t-il en la gratifiant d’un
sourire énigmatique. J’avais très envie de venir saluer
Elle écarquilla les yeux de surprise.
— Tu… tu étais l’associé d’Harry ?
Il la regarda avec indulgence, comme on toise un enfant
— Mais… je croyais que tu travaillais à Paris, reprit-elle.
— M. Feral m’avait dit que M. Lefèvre était l’associé
Attablé en face d’elle, il se courba cérémonieusement.
— Permettez-moi de me présenter : Xavier Lefèvre…
— Je sais parfaitement qui tu es. Simplement je… je
croyais que M. Feral faisait référence à ton père.
— Tu arrives cinq ans trop tard, j’en ai peur.
Elle retint son souffle, sous le choc.
— Je suis navrée, je n’étais pas au courant. Harry ne
— Ne me dis pas que tu serais venue à son enterre-
ment, coupa Xavier d’un ton dur. Tu ne t’es même pas
Piquée au vif, Allegra releva le menton.
— J’ai mes raisons, répliqua-t-elle en restant délibé-
rément évasive. Tu aurais peut-être préféré que Harry te
lègue sa part du vignoble, c’est ça ?
— Non ! L’idée ne m’a jamais effleuré. Il me semble
normal que tu hérites de ses biens. Après tout, tu étais
— Même si ta présence est restée plus que discrète
— Voilà une attaque bien mesquine, fit observer
Allegra, assaillie par un regain de culpabilité.
— C’est un simple constat. A quand remonte ta der-
— Je lui téléphonais une fois par semaine.
— Tu sais très certainement qu’Harry et moi nous
étions querellés assez violemment après que je fus
Xavier avait été le sujet de leur dispute — mais elle
— Nous avions fait la paix depuis, Dieu merci. Quoi
qu’il en soit, je reconnais que j’aurais dû venir le voir.
Si elle avait chaque fois repoussé sa visite, c’était en
partie parce qu’elle redoutait de croiser Xavier. Et ça non
plus, elle ne l’avouerait pas. Il ne devait surtout pas se
douter qu’il occupait toujours une place à part dans son
cœur, que le simple fait de le revoir la bouleversait… que
le désir qu’elle éprouvait autrefois pour lui avait rejailli à
l’instant même où elle avait posé les yeux sur lui — comme
s’il avait sommeillé en elle toutes ces années, sans même
— Si j’avais su que son état de santé s’était à ce point
dégradé, je me serais déplacée. Mais il ne m’a jamais
— Harry était beaucoup trop fier pour se plaindre.
Si tu t’étais donné la peine de lui rendre visite, tu aurais
tout de suite compris qu’il n’était pas en grande forme,
fit observer Xavier d’un ton abrupt. Tu n’étais pas là non
— Et tu n’es pas venue à son enterrement…
Allegra secoua la tête, en proie à un mélange de honte
— Crois-tu vraiment que c’était délibéré de ma part ?
J’avais prévu d’être là mais j’étais en voyage d’affaires à
New York le jour de l’enterrement.
— Ce n’est pas une excuse valable.
— Je plaide coupable, ça te va ? A quoi bon ressasser
Il se contenta de hausser les épaules, le visage fermé.
Surgie de nulle part, cette pensée le stupéfia. Comment
pouvait-il continuer à désirer cette femme qui l’avait lâche-
ment abandonné dix ans plus tôt ? Elle n’avait plus rien
de la petite rose anglaise qu’elle était alors, si innocente
et si timide… une jolie rose qui s’était épanouie sous
ses caresses et son amour. Elle ressemblait désormais à
une femme d’affaires sûre d’elle et intraitable dans son
tailleur impeccablement coupé. Sa bouche avait un pli
déterminé — ce n’était plus la bouche douce et tendre qui
lui rappelait tant, autrefois, les premières roses de l’été.
Doux Jésus ! Il était censé la convaincre de lui céder
ses parts du vignoble. Pas contempler la courbe sensuelle
de ses lèvres ! Malgré lui, il était submergé par le souvenir
des baisers passionnés qu’ils avaient échangés. Et l’ex-
quise sensation de se perdre en elle lorsqu’ils faisaient
l’amour… Et ces après-midi d’été chauds et langoureux…
Il devait à tout prix se ressaisir.
— J’ai passé l’après-midi dans les vignes. Avant de
rentrer, j’ai appelé Suzanne pour savoir si tu étais là parce
que j’avais envie de passer te dire bonjour et te souhaiter la
bienvenue en France, expliqua-t-il en omettant de préciser
qu’il avait aussi dans l’idée de sonder son état d’esprit
concernant le vignoble. Mais puisque tu sembles décidée
à entrer dans le vif du sujet, je vais te dire comment je
vois les choses. Cela fait des années que tu n’as pas mis
les pieds en France et je te vois assez mal t’intéresser à la
culture d’un vignoble. Sache que je suis tout à fait prêt à
racheter tes parts. Tu n’as qu’à demander une estimation
à plusieurs œnologues et je paierai le prix qu’ils auront
fixé. Je prendrai même en charge l’intégralité des frais
— Je n’ai pas l’intention de te vendre mes parts.
— Tu comptes les vendre à quelqu’un d’autre ?
A quelqu’un qui ne saurait pas en prendre soin ? Ou,
pire encore, à quelqu’un qui n’hésiterait pas à les traiter
avec des pesticides et des engrais chimiques sans se
soucier des vignes voisines alors qu’il avait dû se battre
pendant des années pour obtenir un label biologique ?
— Je ne compte pas les vendre du tout. Harry m’a légué
sa maison et ses parts du vignoble. Je crois que c’était sa
manière à lui de me rappeler en France, déclara Allegra.
Xavier balaya l’air d’un geste désinvolte.
— C’est la culpabilité qui te fait parler. Si tu veux
mon avis, je ne pense pas que ce soit une décision très
— Je m’en moque, rétorqua Allegra. Ma décision est
Il la dévisagea quelques instants, incrédule.
— Enfin, Allegra, tu ne connais rien à la viticulture.
— Je n’aurai pas le temps de te former.
— Dans ce cas, je m’adresserai à quelqu’un d’autre.
En attendant, je m’occuperai du marketing — après tout,
Xavier croisa les bras sur son torse, luttant contre la
colère qu’il sentait monter en lui.
— Il n’est pas question que tu t’immisces dans les
affaires de mon vignoble. De toute façon, tu en auras
assez au bout d’une semaine, ajouta-t-il avec une pointe
— Tu te trompes. Et je te rappelle que c’est aussi
A son tour, elle croisa les bras sur sa poitrine et releva
le menton pour le toiser d’un air buté.
— Harry m’a laissé ses parts, je me dois de m’investir
D’un bleu glacial, les yeux de la jeune femme expri-
maient une détermination inébranlable. A cet instant, Xavier comprit qu’elle ne plaisantait pas et qu’il aurait été vain d’insister. Mieux valait clore la discussion et songer à des arguments plus percutants d’ici leur rendez-vous du lendemain.
— Comme tu voudras. Il repoussa sa chaise et se leva. — Marc t’a-t-il communiqué l’heure de notre rendez-
Elle cligna des yeux. — Tu sembles bien connaître l’avocat d’Harry, dis-moi. — Il se trouve que c’est aussi mon avocat, expliqua
Xavier en omettant toutefois de préciser que Marc était son meilleur ami depuis qu’ils s’étaient rencontrés à l’université. Rassure-toi, Marc est l’avocat le plus intègre que je connaisse.
— Le rendez-vous est à 9 heures. Xavier exhala un soupir. — C’est trop tôt pour moi. Repoussons-le à midi ; je
me charge de prévenir Marc. Nous travaillons en fonction du soleil, ici, ajouta-t-il devant l’air contrarié d’Allegra. L’été, nous sommes dans les vignes dès l’aube, et nous profitons des heures chaudes pour régler les questions administratives. Disons donc midi — dans mon bureau, au château. Je préparerai quelque chose à manger.
Au prix d’un effort, il résista à l’envie de l’embrasser
sur la joue et s’inclina respectueusement.
— A demain, mademoiselle Beauchamp.
L’espace d’un instant, une lueur espiègle brilla dans
les yeux d’Allegra — ou bien l’avait-il rêvée ?
— A demain, monsieur Lefèvre. A midi.
IDA Health and Travel Riverdale, GA 30274 Patient Name:__________________________________________________________ Date of Birth: _____________ Age: ________ Sex: ______Race: _______ Ethnicity: _______________Mothers Maiden last name: _______________________________________ Address: ___________________________________________City: ___________________________State: __________Zip: ______
The use of prolotherapy in the sacroiliac joint M Cusi, J Saunders, B Hungerford, et al. 2010 44: 100-104 originally published online April 9, 2008 Br J Sports Med doi: 10.1136/bjsm.2007.042044Updated information and services can be found at: References This article cites 21 articles, 3 of which can be accessed free at: Email alerting Receive free email alerts when new articles ci